La fin du "cauchemar" de la prison pour Nicolas Sarkozy ? Réponse à 13H30
La fin d'un "cauchemar" ? La justice se prononce lundi en début d'après-midi sur la demande de mise en liberté, appuyée par le parquet général, de l'ex-président Nicolas Sarkozy, incarcéré depuis vingt jours après sa condamnation dans l'affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle.
La cour d'appel de Paris, qui a examiné cette demande lors d'une audience publique d'une cinquantaine de minutes dans la matinée, doit rendre son délibéré à 13H30.
La prison, "c'est dur, c'est très dur, ça l'est certainement pour tout détenu, je dirais même que c'est éreintant", a témoigné Nicolas Sarkozy, qui a suivi le visage fermé les débats en visioconférence, offrant par écran interposé la première image de l'histoire d'un ancien président de la République en prison.
"Je veux rendre hommage au personnel pénitentiaire qui a été d'une humanité exceptionnelle et qui a rendu ce cauchemar, parce que c'est un cauchemar, supportable", a-t-il poursuivi, vêtu d'une veste bleu foncé, pull et chemise.
"Je me bats pour que la vérité triomphe", a encore dit l'ancien président, 70 ans, qui a fait appel de sa condamnation à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs prononcée le 25 septembre.
Sous les yeux de son épouse Carla Bruni et de deux de ses fils, Pierre et Jean, l'avocat général, Damien Brunet, a demandé que "soit fait droit à la demande de Nicolas Sarkozy" de le libérer sous contrôle judiciaire avec interdiction d'entrer en contact avec témoins et co-prévenus.
"Il est constant que M. Sarkozy présente des garanties de représentation indéniables, tant ses attaches familiales sur le territoire et ses intérêts patrimoniaux sont connus de votre cour", a-t-il observé. "Ces garanties de représentation en justice sont rarement réunies à un tel niveau devant votre cour".
Si la cour d'appel suit les réquisitions, Nicolas Sarkozy, qui s'est présenté comme "avocat" et "conférencier", sortira dans la journée, et attendra libre son procès en appel, qui devrait commencer en mars.
A l'instar de Xavier Bertrand, président LR des Hauts-de-France, plusieurs responsables de droite ont dit souhaiter que leur ancien champion sorte de prison.
- "Unique moyen" -
Le tribunal correctionnel de Paris l'a reconnu coupable d'avoir sciemment laissé ses collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour solliciter un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.
Plus que la condamnation, c'est le mandat de dépôt l'envoyant en prison, non susceptible de recours, qui avait suscité la stupeur. Pour les juges, il est justifié par la "gravité exceptionnelle" des faits. Pour Nicolas Sarkozy, il a été motivé par "la haine".
Pour décider d'une libération, les magistrats de la cour d'appel ne s'appuieront cependant pas sur les mêmes critères que ceux du mandat de dépôt. L'appel de Nicolas Sarkozy replace son incarcération dans les critères de la détention provisoire, qui diffèrent de ceux de l'exécution de peine.
Le maintien en détention n'est désormais possible que s'il est l'"unique moyen" de protéger des preuves, d'empêcher pressions ou concertations, de prévenir fuite ou récidive, ou de le protéger.
- La détention, "une menace" pour Sarkozy -
Jean-Michel Darrois, un des avocats de l'ex-président, a assuré la cour que devait être "exclue" de son esprit l'idée qu'il pouvait y "avoir réitération de l'infraction" et qu'il pouvait "y avoir pression sur les témoins".
"C'est la détention qui constitue une menace pour Nicolas Sarkozy, pas le contraire", a souligné de son côté Me Christophe Ingrain, un autre de ses avocats, observant qu'il était pour des raisons de sécurité "placé à l'isolement" et qu'il bénéficiait de la protection de deux agents en détention.
Parmi les condamnés qui ont été écroués après le jugement du 25 septembre, la cour d'appel a déjà mis en liberté sous contrôle judiciaire l'ex-banquier Wahib Nacer, 81 ans, mais a maintenu en détention l'intermédiaire Alexandre Djouhri en raison du risque de fuite et de pressions sur des protagonistes de l'affaire.
Dans leur cas, le parquet général avait requis le maintien en détention.
Les dates précises du procès en appel, qui n'ont pas encore été officiellement annoncées, devraient être communiquées aux avocats jeudi, ont indiqué à l'AFP des sources proches du dossier.
J.Evans--CT